Aujourd'hui j'ai eu envie de vous partager un texte de Matt Haig extrait de "La bibliothèque de minuit".
J'ai choisi ce titre "collecter les moments" parce qu'il me semble tout à fait résumer ce texte. Soyons des collectionneurs de moments.
C’est facile de pleurer les vies qu’on n’a pas vécues.
Facile de regretter de ne pas avoir perfectionné d’autres dons, dit oui à d’autres propositions.
Facile de se dire qu’on aurait pu travailler davantage, aimer plus, mieux gérer ses finances, soigner sa popularité, rester dans le groupe, partir pour l’Australie, accepter une invitation à prendre un café ou faire plus de ce fichu yoga.
Ca n’exige aucun effort de regretter les amis qu’on ne s’est pas faits, le métier qu’on n’a pas fait, ceux qu’on n’a pas épousés et les enfants qu’on n’a pas eus.
Ce n’est pas difficile de se voir par les yeux des autres, et de regretter de ne pas être toutes les différentes versions kaléidoscopiques de soi qu’ils auraient voulu que l’on soit.
C’est facile de s’en vouloir, à l’infini, jusqu’à l’expiration de son parcours personnel.
A vrai dire, ce n’est pas les vies qu’on regrette de ne pas vivre. C’est le regret même. C’est le regret qui nous fait nous recroqueviller sur nous-même, nous ratatiner, et nous sentir comme notre pire ennemi et celui des autres.
On ne peut pas savoir si l’une ou l’autre de ces différentes versions aurait été meilleure ou pire. Ces vies s’écoulent, c’est vrai, mais on en fait partie, et c’est sur ce qui se passe qu’on doit se concentrer.
Evidemment on ne peut pas être partout, rencontrer tout le monde ou faire tous les boulots, mais l’essentiel de ce qu’on peut ressentir dans n’importe quelle vie est encore à notre portée.
On n’a pas besoin de jouer toutes les parties pour savoir à quoi ça ressemble de remporter une victoire.
On n’a pas besoin d’entendre tous les morceaux de musique pour comprendre la musique. On n’a pas besoin d’avoir goûté toutes les grappes de raisin de tous les vignobles pour apprécier le plaisir du vin.
L’amour, le rire, la peur et la douleur sont des monnaies d’échange universelles.
Nous n’avons qu’ à fermer les yeux et savourer le goût de la boisson qui est devant nous, en écoutant la chanson qui passe. Nous sommes aussi complètement et rigoureusement vivants que dans n’importe quelle autre vie, et nous avons accès au même spectre émotionnel.
Nous n’avons qu’à être une personne.
Nous n’avons qu’à ressentir une existence.
Nous n’avons pas besoin de tout faire pour être tout, parce que nous sommes déjà infinis.
Tant que nous sommes en vie, nous recelons un avenir de possibilités multiformes.
Alors soyons gentils avec les personnes présentes dans notre vie.
Levons occasionnellement les yeux de l’endroit où nous sommes , parce que, où que l’on soit, le ciel au-dessus de nous est infini.
Hier, j’étais persuadé de ne pas avoir d’avenir, je croyais impossible d’accepter ma vie telle qu’elle est maintenant. Et pourtant, aujourd’hui, cette même vie pourrie me paraît pleine d’espoirs. De potentiel. J’imagine que l’impossible vient du fait d’être en vie.
Ma vie sera-t-elle miraculeusement libérée de la souffrance, du désespoir, du chagrin, des peines de coeur, des problèmes, de la solitude, de la dépression ?
Non.
Mais est-ce que j’ai envie de vivre ?
Oui. Oui.
Mille fois oui.
Et toi, as tu envie de vivre ?
Oui et Oui à cette sagesse ultime qui nous fait nous aimer et aimer le moment présent car seul le présent incarne la vraie vie, l'instant de pureté, de conscience qui nous permet d'être en vie mais qui la plupart du temps nous échappe.
J'ai envie de vivre ma vie, libre et passionné avec ses défauts et qualités...
( de mémoire )..." Je n'avais jamais connu le temps du vrai désespoir et pourtant là ces temps sont venus mais ils ont pu tout détruire en moi sauf l'appétit désordonné de vivre" , Albert Camus.
Bonne soirée à tous et toutes,
Merci Florence 🦋